Bombardement d’un train de V1 allemand

 

Train V1

Dans la matinée du 11 août 1944 vers 9h00 du matin, entre la gare de Montreuil sur Thérain et le marais de Hez, un train composé d'une trentaine de wagons s'immobilise.

Quelques habitants de la commune de Montreuil étonnés et curieux, interrogent les mécaniciens de la locomotive. Le personnel servant cette machine est Français, se sont des cheminots requis pour ce travail. Ils disent venir de Belgique, avoir subi un mitraillage la veille, ils ajoutent que ce convoi transporte des munitions et s'être arrêtés ici pour pouvoir faire le plein d'eau dans la machine à vapeur. En effet la locomotive abandonne ses wagons pour se rendre à la gare de Rochy-Condé ou se trouve une citerne d'eau et une perche de remplissage.

La présence des wagons et des munitions, seuls sur la voie inquiète pour des motifs différents les habitants et la vingtaine de soldats allemands restés sur place. L'activité d'un réseau de résistance est connue dans la vallée du Thérain. Vers 10 heures, un avion anglais ( bi-moteur) chasseur-bombardier " mosquito" pique sur la voie ferré et largue une bombe à la hauteur du quai de la gare de Montreuil sur thérain. Un immense trou rend impossible le retour de la locomotive partie à Rochy-condé.

train V1

Quelques personnes ayant trouvé refuge dans une tranchée près de la maison Brément, sortent apeurées. Elles doivent leur salut à la nature marécageuse du sol à cet endroit qui a absorbé l'onde de choc du bombardement et évité l'éboulement de cette tranchée. L'explosion, entendue jusqu'aux hameaux de Hez et Moncilly, amène chacun à prendre ces précautions. Ainsi mademoiselle Suzanne Dupille court libérer ses génisses pâturant au lieu dit " la place marin ".

Le calme s'installe de nouveau, mais vers 14 heures, une dizaine d'avions de même type que celui aperçu le matin, entament une ronde infernale au dessus de Montreuil. Méthodiquement, les pilotes prennent le convoi en enfilade, larguent leurs projectiles puis remontent vers Villers pour recommencer. Du lieu dit " la justice " à Villers Saint Sépulcre l'on assiste à ce spectacle terrifiant, les munitions transportées dans ce train sont des V1. Ces fusées en état de fonctionnement explosent les unes après les autres dans un bruit assourdissant. Des morceaux de métal incandescent sont projetés à une quarantaine de mètres de hauteur et retombent vers le bois de Montreuil, la "Vallée Dervau" ces débris incendient les diziaux ( tas de gerbes ) d'avoine de Monsieur Charles Dupille dans " le fond de l'agache ".

train V1

L'air et le bruit des déflagrations sont insupportables, mais les curieux venus au lieu dit " la justice " adressant des signes de sympathie aux pilotes alliés.

A la gare, le wagon de tête, sous les chocs des bombes se décroche et termine sa course dans le trou creusé par le bombardement du matin, son chargement est mitraillé sévèrement, les V1 brûlent comme des feux de Bengale et explosent. Les bâtiments proches tremblent et perdent leurs carreaux, leurs habitants se réfugient dans les caves. Vers 17 heures leur cauchemar cesse.

Heureusement on ne déplore pas de victime civile, quant aux militaires, ceux-ci s'étaient mis à l'abri loin du convoi.

La violence de l'attaque est telle que le lieu dit " le plantin " n'est qu'une succession de trous de bombes parsemés de débris de wagons, tôle, rails tordus, perforés par le mitraillage.

Pendant la période du 11 au 15 août, la zone bombardée est sous surveillance militaire allemande. Le 15 août, un grand nettoyage suivi d'une destruction des explosifs restants est organisé. Les villages alentours sont évacués le temps de l'opération. Les arbres restant dans cette endroit sont criblés de ferraille. Au grand dam des scies et autres outils des futurs bûcherons.

Vers le mois d'octobre 1944, les alliés ayant besoin de transporter vers Creil du matériel stocké sur les côtes de la manche, décident de reconstruire la voie. Les américains établissent un campement au lieu " l'auge " à Moncilly, ou ils regroupent des camions, engins de génie, grues, etc... La main d'oeuvre est assuré par des prisonniers allemands qui campent au-dessus de la ferme Doligé à Montreuil. Pour ce rendre au chantier, américains et allemands empruntent le petit chemin ( toujours existant ) devant la ferme Doligé.

Train V1

Ce 11 août est toujours présent, en 1970, au " clos du planquet " Monsieur André Rabain trouvait encore des débris de ferraille en travaillant la terre.

{ D'après le récit de Madame et Monsieur B. Rabain }

Haut de page

Retour